Posséder sa nuit


Dossier du spectacle

Durée 1H20/ A partir de 14 ans


Un seul en scène drolatique parental / solo nyctalope

MON PÈRE CE PAS HÉROS

Devenir père n’était pas un but en soi. J’avais prévu d’être James Dean, ou pompier. Et pourtant, ça m’est tombé dessus. J’ai cru un temps que ça coulerait de source d’être père, qu’il suffisait d’être.

Et puis sont apparues les charges matérielles, physiques, mentales, et émotionnelles. Il fallait changer et vite. Chercher en hâte dans les figures masculines parentales de mon enfance. Mon père ? Benz’ à la garderie le mercredi, veuf qui élevait seul ses enfants ? Michel, père au foyer mari d’une doctoresse ? Le père de Julien mon voisin qui était homosexuel dans notre village de Picardie? Vertige.
Passer alors au crible les figures féminines. Un copié-collé depuis plusieurs générations: garantes de la bonne tenue du foyer, aux parcours professionnels réduits au strict minimum chose. J’ai peu joué avec ma mère, mais je suis toujours allé chez le médecin avec elle. Mon père ne m’a jamais coiffé, mais on jouait ensemble.
Une femme pourtant sortait du lot: ma tante Martine. Une femme “frivole”, “pas stable”, “déjà mariée”, “déjà divorcée”, sans enfants à 35 ans. Une femme qui aura payé sa liberté au prix des quolibets, injures, hommes violents et précarité. Une figure féminine surnaturelle et envoûtante.

Face à tout ceci, il me fallait inventer un nouveau rapport père-fils. Mais quel père être ? Quel partenaire parental devenir avec la mère de mon fils? La vérité est que je n’étais pas armé. J’ai grandi dans un milieu rural, entre le monde des chevaux et celui du foot. Un monde exclusivement composé d’hommes, où la force physique conditionne une hiérarchie de valeurs, de rapports, engendrant dominations et humiliations. Se déconstruire au galop, tenter de ne pas reproduire, rêver et inventer. C’est cette drôle de mue profonde, imparfaite, et infinie qui a donné vie à Posséder sa nuit.

YOANN PARIZE

Création du Collectif sur le Pont


L'esthétique

A travers une fable intime à l’écriture protéiforme, on suit le parcours de vie d’un petit garçon qui, expulsé aux forceps du ventre de sa mère par un gynécologue ‘’pressé de partir en weekend’’’ se construit entre les figures familiales de l’oncle Michel et de la tante Marlène, l’absence d’affectivité d’un père empêtré dans ses propres impossibilités, et les figures masculines du père Noel, de François Mitterrand et de Chris Waddle.

Tournant avec lui les pages du catalogue La Redoute on navigue à ses côtés  entre les rayons du supermarché Mammouth et les sous-sols des premières booms, entre  premiers émois et injonctions virilistes,  questionnements existentiels, trip sous LSD, et autant d’expériences intimes qui jalonnent la quête de soi.

Dans cette saga aux multiples personnages, on plonge dans un espace-temps fragmenté, passant de la salle obstétricale à l’Assemblée nationale, de la Ford Escort enfumée aux vestiaires du club de foot.

Perchés au bord du vide, nous oscillons entre passé et présent, réalité et cauchemar, ‘’à la frontière du réel et des monstres’’.

La mise en scène n’entend pas révolutionner les codes du seul en scène inhérents à l’écriture du genre, mais s’attelle à travers la précision de la direction d’acteur, à donner corps à l’écriture expressive et tranchante de Claire Barrabès.

Le corps de l’acteur est au centre du projet. Yoann Parize incarne tous les personnages de cette saga à tiroirs. Aucun décor, aucun accessoire, pas de chichis. Un dépouillement qui donne à l’acteur la responsabilité de structurer l’espace-temps et d’articuler les tableaux qui jalonnent la pièce, sans aucun élément subsidiaire.

L’acteur au centre, comme être de chair et d’émotions qui, semblable au conteur, nous prend la main le temps d’une nuit pour retraverser sa vie.

Son corps sculpte les espaces, traverse les âges et dessine les silhouettes des personnages qui ont jalonné son existence.

La générosité et la précision du jeu de Yoann Parize, dont l’humour n’enlève rien à la profondeur, rendent avec brio toute la puissance de ce texte aussi drôle que profond, aussi intime qu’universel.

L’Univers mental et hallucinatoire étant aussi un fil rouge qui sous-tend la pièce, nous travaillons également sur la distorsion du réel par l’univers sonore qui, sans jamais tomber dans l’illustration, participe à créer une atmosphère énigmatique et onirique , entrouvrant des brèches dans les abysses de l’inconscient .

Le travail sur la lumière participe également à structurer la traversée de cette longue nuit. Nous travaillons par moment sur la construction d’atmosphères claires obscures, et sur les ombres : celles qui demeurent en nous, celles des peurs de notre enfance et celles qui nous avalent, encore adultes. Ainsi, l’univers visuel se fera lui aussi par moment l’écho de la matrice psychique du personnage aspiré parfois par les monstres qui frappent à sa porte.

FANNY ZELLER

Distribution

Mise en scène: FANNY ZELLER
Texte : CLAIRE BARRABES
Avec : YOANN PARIZE
Lumières: Marion Lubat
Son: Quentin Gohier
chargé de production et Administrateur Cie: Alexandre Delawarde
– PRODUCTION COLLECTIF SUR LE PONT
– CO-PRODUCTION LA HALLE Ô GRAINS


Dates

9 janvier 2025 : La Halle ô grains , Bayeux

* En construction

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Dossier du spectacle
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